La valorisation d’une entreprise est un processus crucial, tant pour les investisseurs que pour les dirigeants, afin de déterminer la juste valeur d’une société. Deux méthodes largement utilisées dans ce domaine sont le Discounted Cash Flow (DCF) et les comparables transactionnels. Cet article présente ces deux approches, avec des exemples concrets, et explique comment elles peuvent être appliquées dans des situations réelles.
1. Introduction
La valorisation d’une entreprise est l’une des étapes essentielles dans la prise de décision stratégique, que ce soit pour des fusions, des acquisitions, des levées de fonds ou des cessions. Elle permet de fixer un prix « juste » en fonction de la performance actuelle et future de l’entreprise, et de son environnement concurrentiel.
Méthodes de valorisation d’une entreprise : Cette expression désigne les différentes approches permettant de calculer la valeur d’une entreprise. Parmi celles-ci, le Discounted Cash Flow et les comparables transactionnels sont deux des plus utilisées.
2. Aperçu des méthodes de valorisation
Les méthodes de valorisation d’une entreprise peuvent être regroupées en deux grandes catégories :
- Méthodes basées sur les flux de trésorerie : ici, on valorise une entreprise en fonction de ses flux de trésorerie futurs, comme avec la méthode du DCF.
- Méthodes basées sur les multiples de marché : où l’on compare la société avec des entreprises similaires ayant déjà fait l’objet de transactions (les comparables transactionnels).
Ces deux méthodes fournissent des perspectives différentes, mais complémentaires, sur la valeur d’une entreprise.
3. Méthode du Discounted Cash Flow (DCF)
3.1. Qu’est-ce que le DCF ?
La méthode du Discounted Cash Flow (DCF) est basée sur la prévision des flux de trésorerie futurs de l’entreprise, qui sont ensuite actualisés pour refléter leur valeur à ce jour (ce qu’on appelle la valeur présente). L’idée est de considérer que la valeur d’une entreprise est égale à la somme des flux de trésorerie qu’elle générera à l’avenir, pondérés par le temps et le risque.
3.2. Les étapes du DCF
- Estimation des flux de trésorerie futurs
Il s’agit d’une projection des revenus et des coûts de l’entreprise, permettant de calculer ce que l’entreprise générera en termes de free cash flow (flux de trésorerie libre). Ces flux sont généralement projetés sur 5 à 10 ans. - Calcul du taux d’actualisation (WACC)
Les flux de trésorerie futurs sont actualisés grâce au coût moyen pondéré du capital (WACC). Ce taux d’actualisation reflète le coût de financement de l’entreprise (actions et dette) et intègre le risque lié à ses activités. Plus le risque est élevé, plus le WACC sera élevé, ce qui diminuera la valeur actuelle des flux de trésorerie futurs. - Calcul de la valeur terminale (Terminal Value)
À la fin de la période de projection, on estime une valeur résiduelle pour les flux de trésorerie futurs au-delà de la période de prévision. C’est ce qu’on appelle la valeur terminale. Elle représente la grande majorité de la valeur dans une valorisation DCF. - Somme des flux de trésorerie actualisés
La valeur de l’entreprise est ensuite obtenue en additionnant les flux de trésorerie actualisés et la valeur terminale.
3.3. Exemple concret de valorisation par DCF
Prenons l’exemple d’une société fictive, Entreprise Alpha, qui génère actuellement un flux de trésorerie de 10 millions d’euros par an. On suppose que ce flux augmentera de 5 % par an pendant les cinq prochaines années. Le WACC de l’entreprise est de 8 %. Voici comment on procède pour calculer sa valeur :
- Flux de trésorerie projetés :
- Année 1 : 10 M€ * (1 + 5%) = 10,5 M€
- Année 2 : 10,5 M€ * (1 + 5%) = 11,025 M€
- Année 3 : 11,025 M€ * (1 + 5%) = 11,576 M€
- Année 4 : 11,576 M€ * (1 + 5%) = 12,155 M€
- Année 5 : 12,155 M€ * (1 + 5%) = 12,763 M€
- Actualisation des flux de trésorerie : Pour chaque année, on actualise les flux avec le WACC de 8 %.
- Année 1 : 10,5 M€ / (1 + 8%)^1 = 9,72 M€
- Année 2 : 11,025 M€ / (1 + 8%)^2 = 9,46 M€
- Année 3 : 11,576 M€ / (1 + 8%)^3 = 9,22 M€
- Année 4 : 12,155 M€ / (1 + 8%)^4 = 8,98 M€
- Année 5 : 12,763 M€ / (1 + 8%)^5 = 8,75 M€
Somme des flux de trésorerie actualisés = 9,72 + 9,46 + 9,22 + 8,98 + 8,75 = 46,13 M€
- Calcul de la valeur terminale : On suppose un taux de croissance perpétuel de 2 % après l’année 5.
- Flux de trésorerie de l’année 5 : 12,763 M€
- Valeur terminale = (12,763 M€ * (1 + 2%)) / (8% – 2%) = 13,018 M€ / 6% = 216,97 M€
- Actualisation de la valeur terminale : 216,97 M€ / (1 + 8%)^5 = 147,56 M€
- Valeur totale de l’entreprise (EV) : La somme des flux actualisés (46,13 M€) + la valeur terminale actualisée (147,56 M€) = 193,69 M€.
3.4. Avantages et limites du DCF
Avantages :
- Méthode robuste car basée sur les flux de trésorerie réels de l’entreprise.
- Utile pour évaluer les entreprises ayant des perspectives de croissance à long terme.
Limites :
- Dépend fortement des hypothèses sur les flux de trésorerie futurs et le taux d’actualisation.
- Complexité des calculs pour certaines entreprises, notamment en phase de forte croissance ou de restructuration.
4. Méthode des comparables transactionnels
4.1. Introduction aux comparables transactionnels
La méthode des comparables transactionnels repose sur l’évaluation d’une entreprise en comparant ses multiples de valorisation avec ceux d’autres entreprises similaires qui ont fait l’objet de transactions récentes (fusions, acquisitions, levées de fonds, etc.). C’est une approche comparative, où l’on estime la valeur d’une entreprise en fonction de ce que d’autres entreprises similaires ont été payées.
4.2. Les multiples d’évaluation utilisés
Les multiples les plus couramment utilisés dans cette méthode sont :
- EV/EBITDA (Valeur d’Entreprise / EBITDA) : Utilisé pour comparer la valeur d’une entreprise en fonction de ses résultats opérationnels.
- EV/EBIT : Une version similaire à l’EV/EBITDA, mais incluant l’amortissement.
- P/E (Price-to-Earnings) : Ratio prix/bénéfice utilisé pour évaluer la valorisation des entreprises cotées.
4.3. Exemple concret de valorisation par comparables
Prenons l’exemple d’une entreprise, Entreprise Beta, dont l’EBITDA est de 5 millions d’euros. Nous savons que des entreprises similaires ont été vendues à un multiple de 6x l’EBITDA. La valorisation de l’Entreprise Beta serait alors estimée comme suit :
- Valeur d’Entreprise (EV) = 6 x 5 M€ = 30 M€.
Ensuite, si l’entreprise a une dette nette de 10 M€, la valeur des fonds propres sera de :
- 30 M€ (EV) – 10 M€ (dette nette) = 20 M€.
4.4. Avantages et limites des comparables transactionnels
Avantages :
- Rapide et relativement simple à mettre en œuvre.
- Basé sur des données réelles de transactions de marché.
Limites :
- La disponibilité des données sur les transactions comparables peut être limitée.
- Ne prend pas en compte les particularités spécifiques de l’entreprise valorisée.
5. Comparaison des deux méthodes
5.1. DCF vs. comparables transactionnels
Les méthodes DCF et des comparables transactionnels sont complémentaires :
- Le DCF est plus adapté pour des valorisations détaillées basées sur les performances futures attendues de l’entreprise.
- Les comparables transactionnels sont plus rapides et offrent une vision basée sur les prix payés dans des situations réelles.
5.2. Quand utiliser l’une ou l’autre ?
- Utilisez le DCF lorsque vous avez suffisamment d’informations sur les perspectives futures de l’entreprise et que vous souhaitez obtenir une évaluation précise.
- Utilisez les comparables transactionnels pour obtenir une estimation rapide, ou lorsque l’entreprise a des caractéristiques similaires à d’autres entreprises récemment évaluées.
6. Conclusion
La valorisation d’une entreprise est un exercice complexe qui demande une analyse rigoureuse. Le DCF et les comparables transactionnels sont deux des méthodes les plus couramment utilisées, chacune avec ses avantages et ses limites. Le choix de la méthode dépend de la disponibilité des informations, du niveau de détail requis et du contexte spécifique de l’entreprise.
Dans tous les cas, il est essentiel d’appliquer ces méthodes avec prudence et rigueur, car la valeur d’une entreprise est non seulement un chiffre, mais aussi une interprétation de son potentiel futur.
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Salah BELLAKHDAR est le directeur de l’IFE.
Accrédité par l’Autorité Française des Marchés Financiers (AMF), Salah bénéficie d’une solide expérience sur les marchés financiers, notamment dans les domaines des fusions et acquisitions ainsi que des levées de capitaux, avec plus de 50 millions d’euros de fonds levés à son actif.
À travers ses formations, Salah a formé plus de 1000 passionnés de finance d’entreprise en modélisation financière sur Excel.
Sa mission quotidienne est de démocratiser la modélisation financière auprès du plus grand nombre pour qu’ils puissent propulser leur carrière.
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